L’homme et le développement du paraître

Un homme qui porte des jupes, qui s’intéresse aux lignes de cosmétologies, des étalages complets de fragrances pour hommes… Des griffes de sous-vêtements sortant délibérément d’un blue-jean à ceinture très basse ? Nobles appropriations de l’Homo Élégant -Élégant !

L’emploi du combishort, ce slip féminin doublant la culotte, atteste d’après son auteur que les bonhommes naissent maintenant « libres et égaux en droits » en ce qui concerne les sous-vêtements. Mais également pour les chaussures, la sacoche pour homme, les chaussettes, les cravates… Voici de ce fait la raison pour laquelle ils ont décrété la Déclaration générale des droits de l’homme ! Un droit ? Cependant, oui, l’élégance des hommes en est un… Dans l’attention de leur personnage et l’inquiétude de leur charme, les bonhommes se donnent petit à petit le pouvoir à l’élégance. Ceci peut sembler pompeux pour un secteur qui demeure du domaine de la fantaisie. Les obstacles à l’admettre font comprendre de toute évidence la satisfaction de l’avoir apprivoisé.

Le 20ème siècle fait de rébellions et de bravades

Le 20e siècle adopte un long chemin de bravoures et de reculs, de bravades et d’esclandres vers une moderne apparence de l’homme. Le conflit de 1914-1918, à cette occasion comme bien d’autres, a produit une déchirure incontestable. La Belle Époque, dans les quinze 1ères années, refoule de nouveau l’élégance des hommes dans les rubriques secondaires du 19e siècle… Peintres, comédiens, chanteurs, grands gandins, homosexuels. Boni de Castellane, Robert de Montesquiou, Francis de Miomandre représentent l’élégance de la haute noblesse. Ce qui alimentera les créations de l’époque.

L’extravagance du 20ème siècle

Marcel Proust, mais également Jean Cocteau (le « prince futile » de 1910), Pierre Louys (également illustre pour la ligne de ses tuniques plus que pour ses écrits), Pierre Loti, avec ses accoutrements extravagants, son sac à bandoulière, ou, dans une Europe sans limites spirituelles, Gabriele d’Annunzio, Oscar Wilde, font durer les coutumes d’une élégance esthétique faite de distinction, de délicate bizarrerie, qui les excusent et les font pardonner, si l’éventualité se présente, des mentalités fermement blâmées d’autre part. Tout cela demeure dans la liste de l’extraordinaire, acceptable, tellement que rien ne se révèle extrêmement ostensiblement.

L’élégance de l’homme pendant l’entre-deux guerres

Entre les 2 conflits, par contre, n’importe quelle bravoure s’efforce de rendre banal une appropriation de la physionomie. Quand Nijinski irritait par des collants extrêmement près du corps l’auditoire de 1911-1913, le particularisme des hommes n’était pas remis en question… On n’y trouvait que bravade d’homosexuels. Quand 1923, Ted Shawn joue « La Mort d’Adonis », accoutré d’une unique feuille de vigne, il réclame « une vénération nationale du charme du personnage » qui autoriserait une « épanouissement de la société » sur l’archétype de la période Antique de Grèce.

L’homme dans les défilés de mode

À Londres, en 1929, l’apparition de top-modèles pour hommes dans des présentations de mode fait esclandre… On se risque à faire voir le bonhomme, l’assujettir à la vue de observateurs, le prendre en photo pour des croyances qui seraient susceptibles de choir entre les mains des jouvencelles. Encore est-il question du moment des… gabardines et des habits pour se marier ! Que dit-on des nouvelles présentations de sous-vêtement des hommes ?

Le charme de l’homme

La revue Adam, qui rencontre un réel triomphe dans la sphère de la bonne distinction depuis 1926, protège cette idée originale au nom de la standardisation du charme des hommes. La raison pour laquelle serait-il « défendu à un jeune bonhomme distingué et convenable de valoriser son élégance innée en montrant les conceptions des grands couturiers » ? Le bonhomme qui se fait voir ainsi n’est plus le gandin, le comédien, le chanteur ou l’homosexuel. Il se risque à réclamer son droit à charmer, et le vocable sacro-saint, attaché à la fantaisie de la femme se rapporte à lui sans raillerie… Les bonhommes de nos jours ont su apprécier l’élégance d’un jabot. Sous réserve, cela s’entend, de ne pas l’exprimer par une surabondance de trouvailles, des extravagances et des originalités.

Cette toquade gracieuse, faite en fantaisiste, pourrait être acceptée dans une rubrique de mode de la femme, elle sera périlleuse quand par inexpérience elle détruit les théories mêmes de la convenance de la virilité. La progression demeure modique et réduite à des bagatelles. Cependant, c’est une forteresse apprivoisée.